L’articulation de l’épaule

Le membre supérieur est rattaché au tronc par un ensemble de structures articulées dont l’élément central est l’omoplate qui entre dans la constitution de l’épaule d’une part & de la ceinture scapulaire d’autre part. Bien que l’unité de ce complexe est plus d’ordre fonctionnel que morphologique, il convient de décrire chaque composante avant d’évoquer la synthèse dynamique.

Repères squelettiques  de l’épaule

Vue de face

Vue de dos

a : Clavicule                          
b : Epine scapulaire
c : gouttière inter tuberculaire
*   : Tubercule supra-glénoïdal
** : Tubercule infra-glénoïdal

     1 : Tête humérale articulaire
    2 : Glène de l’omoplate
    3 : Processus coracoïde
    4 : Acromion
    5 : Glène

Vue latérale

 

Vue médiale

A- L’articulation scapulo-humérale est organisée entre la tête de l’humérus et la glène de l’omoplate. La grande amplitude de ses mouvements est due à la nette disproportion des surfaces articulaires qui sont faites d’un segment de sphère pleine mobilisable sur une cupule sensiblement plane, nettement réduite et orientée verticalement. De nombreuses couches musculaires enveloppantes contrôlent l’instabilité à laquelle elle est exposée.

 

 




La tête humérale est un segment de sphère orienté comme l’épicondyle médial, c’est-à-dire tournée en dedans et en arrière.

Son axe est dévié dans deux directions, il forme avec la diaphyse un angle d’inclinaison de 130-140°,
d’autre part il est rétroversé d’une vingtaine de degrés par rapport au plan de la palette humérale.

 

 

 

a : aspect latéral de l’articulation :
- Le cercle bleuté en surimpression est le volume de la tête   humérale   appliquée contre la glène.
  L’ensemble est surmonté par l’auvent acromio- claviculaire   que double le ligament de même nom (ac).
- les longs chefs des muscles biceps (b) & triceps (t) s’insèrent   de part & d’autre de la glène.

b : coupe transversale des surfaces articulées.

Elle est surmontée par l’auvent que constitue la voûte acromio-claviculaire (a  c) que prolonge en avant le ligament acromio-coracoidien (ac).

1 & 2 : ligaments gléno-huméraux
3        : ligaments scapulo-huméral

a  : capsule
b  : synoviale
c : bourrelet glénoïdien
d : glène
e : l’insertion du long chef du biceps sur le tubercule sus-glénoïdien ; noter la     position du tendon interposé entre capsule & synoviale.
f : bourse séreuse sous-scapulaire
g : manchon synovial enveloppant le long chef du biceps.

La capsule est d’étoffe très lâche, avec en certains endroits des points faibles à travers lesquels s’insinuent des prolongements synoviaux dont deux sont constants,
l’un  est interposé entre la capsule et le muscle sous-scapulaire, l’autre forme une gaine de glissement  au tendon du biceps dans la gouttière inter-tuberculaire.

Elle est renforcée par des épaississements fibreux assimilés à des ligaments (coraco-huméral, gléno-huméraux) dont le rôle mécanique est insignifiant.
En fait, ce sont les muscles scapulaires qui se comportent en ligaments actifs. Ce sont : le sus-épineux (1), le sous-épineux (2), le petit rond (3) & le sous-scapulaire (4).
Ils constituent une coiffe interposée entre la tête humérale & l’auvent coraco-acromial qui surplombe la tête humérale.
À ces ligaments actifs, il faut adjoindre le long chef du biceps, le deltoïde ainsi que le ligament coraco-huméral qui contribuent à la suspension de la tête humérale.

 

 


L’articulation est dominée par la voûte acromiale sous laquelle
passe le muscle sus-épineux

 

Aspect latéral de la glène

 


b : long chef du biceps
c : coraco-brachial
D : Deltoïde
d : grand dentelé
P : grand pectoral


p : petit pectoral
s :  bourse séreuse sous-scapulaire
sc : sous-scapulaire
se : sous-épineux

 

 

 




La ceinture scapulaire relie la clavicule à l’omoplate et au sternum par l’intermédiaire des jointures acromio-claviculaire & sterno-claviculaire auxquelles il faut joindre l’espace de glissement entre l'omoplate et la paroi thoracique.

1 : manubrium sternal
2 : clavicule
3 : acromion prolongeant l'épine de l'omoplate
4 : tête humérale sous-jacente à l'auvent acromio-claviculaire
5 : muscle rhomboïde

La ceinture scapulaire observée à travers la base du cou

La principale composante de cet ensemble est la clavicule qui est interposée transversalement entre l’omoplate & le sternum, maintenant ainsi l’épaule en position excentrée ; sa double incurvation amortit les chocs & les pressions auxquels elle est soumise.

1. L’articulation sterno-claviculaire


Les surfaces articulaires sont en selle, c’est à dire concaves dans un sens et convexes dans l’autre, réalisant un emboîtement réciproque qui imprime à la clavicule des mouvements de rotation axiale de faible amplitude.

  • La facette articulaire de l’extrémité claviculaire, plane verticalement, se prolonge sur la face inférieure, ce qui lui donne l’aspect convexe dans le plan frontal; tandis qu’elle est  rendue concave d’avant en arrière par la forte saillie de son bord postérieur, sorte de cale empêchant sa luxation
    en avant.

 

La surface sterno-chondrale située à l’angle supérieur du manubrium se prolonge sur le bord supérieur du premier cartilage costal; elle est structurée à l’image inversée de la précédente.
Un fibrocartilage (1) est interposé entre ces facettes; c’est un disque plus épais à la périphérie, adhèrent à la capsule et à la limite des cartilages articulaires costal et claviculaire, il se prolonge en arrière par une languette qui adhère à la face  postérieure de la clavicule. Outre son rôle de modeleur de l’interligne, il intervient surtout comme amortisseur des poussées du membre supérieur contre le sternum.
Les moyens d’union sont représentés par une capsule serrée, renforcée sur ses trois versants par de puissants ligaments (2) et doublée d’une synoviale subdivisée par le fibrocartilage.Cependant, le maintien en place de la clavicule est réalisé par deux formations extra articulaires:

 



2. L’articulation acromio-claviculaire unit le bord médial de l’acromion à l’extrémité latérale de la clavicule, leurs facettes articulaires ovalaires sont taillées en biseau, avec interposition d’une ébauche de ménisque. La surface claviculaire, légèrement convexe, surplombe quelque peu la facette acromiale.

La capsule est renforcée en haut par le ligament acromio-claviculaire (b). Ce sont, là aussi, les renforcements à distance qui assurent la solidarisation de ces structures instables, ce sont les ligaments trapézoïde (c) & conoïde (d) étendus de la clavicule à l’apophyse coronoïde.

Mécanique articulaire
* L’orientation transversale des fibres des muscles scapulaires justifie la dénomination de coiffe des rotateurs du bras autour de l’axe vertical de l’humérus, tandis que l’orientation inverse des fibres deltoïde mobilisent la tête de l’humérus autour de son axe antéro-postérieur, le mouvement qui résulte de leur contraction éloigne bras du tronc (abduction). 
Dans l’ensemble, les mouvements ont lieu dans tous les sens, autour du centre de courbure de la tête humérale.
Cependant, les deux composantes de l’articulation étant instables, tout mouvement du bras nécessite l’immobilisation de l’omoplate pour que la tête humérale puisse tourner sur une glène stabilisée. Inversement, le couple gléno-huméral doit être soudé pour que l’omoplate puisse glisser sur la cage thoracique.

a : angulaire de l’omoplate
b : trapèze
b’ : rhomboïde
c & d : grand dorsal
e : grand dentelé

e’ : petit pectoral
g : sus-épineux
h : sous-épineux
i : grand rond
o : axe de rotation

 

- L’abduction est le mouvement spécifique de l’épaule, elle consiste à éloigner le bras du tronc; elle est initiée par le sus-épineux dont la contraction recentre la tête humérale tout en ébauchant l’écartement du bras (‘starter’ de l’épaule), puis développée par le faisceau latéral du deltoide jusqu’à ce que la grosse tubérosité bute contre l’auvent acromial, ce qui correspond à une amplitude de 90-100°.

L’accomplissement d’une abduction plus ample nécessite la rotation axiale de la clavicule et l’ascension de son extrémité latérale , ce qui pour effet de lever l’obstacle acromial sur lequel vient buter la grosse tubérosité.

- Les mouvements de flexion-extension sont produits par les faisceaux antérieur et postérieur du deltoide, l’amplitude de la flexion, une quarantaine de degrés dépasse celle de l’extension.

- Les mouvements de rotation autour de l’axe vertical sont générés par les muscles aux fibres orientées transversalement.  C’est le cas des muscles scapulaires auxquels on adjoint le grand pectoral & le grand dorsal. Ces deux volumineux muscles tournent le bras en dedans, tandis que les scapulaires postérieurs (sous-épineux & petit rond) agissent en sens contraire.

* Dynamique inter scapulo-thoracique

Paroi thoracique et omoplate sont liés mécaniquement par une fausse articulation. Les mouvements de glissement se font par l’intermédiaire du tissu celluleux interposé entre la face antérieure de l’omoplate doublée du sous-scapulaire (sc) et le  muscle grand dentelé (d) d’une part, et entre ce  dernier et la paroi thoracique postéro-latérale d’autre part.

- L’adaptation de la face antérieure de l’omoplate à la courbure du thorax est guidée par les deux articulations sterno & acromio-claviculaire.
Durant les mouvements d’élévation & d’abaissement de l’épaule, clavicule & acromion, anatomiquement soudés, se comportent en bras de levier de type III dont le centre mécanique est situé au niveau de l’articulation sterno-claviculaire. Par contre, les mouvements d’anté & rétropulsion nécessitent la libération de l‘articulé acromio-claviculaire qui agit en gouvernail du bras de la pince scapulaire.

 

Enfin, le glissement de l’omoplate s’accompagne de mouvement de bascule et de rotation de l’omoplate autour de son centre mécanique situé au-dessous du milieu
de l’épine.
L’identification des muscles à l’origine de cette dynamique se fera sur  l’analyse de quelques gestes simples.

Position de fonction

L’épaule, comme toute articulation active, a tendance à s’enraidir ou à s’ankyloser au bout de quelques jours quand elle est laissée au repos et en position bras vertical.
Il est d’usage de prévenir un tel handicap – si l’immobilisation est nécessaire - en privilégiant son mouvement spécifique, c’est-à-dire que le bras sera maintenu en position de fonction minimale correspondant à 60° d’abduction, 10° d’antépulsion et 30° de rotation interne.

 Rapports

L’articulation est profonde, masquée de toute part par les masses charnues.
Elle est protégée par la voûte acromiale sous laquelle passe le sus-épineux. Celui-ci coulisse entre le déltoide et la capsule par l’intermédiaire de deux capsules séreuses.


a : bord médial de l’omoplate                                      p : petit pectoral
b : tendon de la longue portion du biceps                      s : bourse séreuse sous scapulaire
c : coraco-brachial                                                     sc : sous-scapulaire
d : grand dentelé                                                        se : sous épineux
D : Deltoïde                                                              T : trapèze
P : Grand pectora
l

Ses rapports antérieurs au-delà des muscles sous-scapulaire et coraco-brachial se font avec le contenu du creux axillaire. Elle est croisée en arrière par la musculature scapulaire et latéralement par la masse du déltoide. Ses rapports antérieurs se font par l’intermédiaire du sub-scapulaire avec le creux de l’aisselle, le muscle coraco-brachial s’interpose entre la capsule et le pédicule principal.